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Barbudo Conexión (c)
22 novembre 2004

Je hais les coiffeurs...

Quand je suis monté dans le TGV pour Angers, mardi dernier, Romain m'a vu arriver et m'a demandé « Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?! » en faisant référence à ma nouvelle coupe de cheveux.

Ce à quoi j'ai dû répondre quelque chose comme : « Il m'est arrivé un truc affreux hier soir : je suis allé chez le coiffeur. J'aurais pas dû... ».

Ca a fait marrer la femme qui était assise en face de nous et qui accompagnait son patron (qui était, donc, lui aussi assis en face). Ca a été fugace, mais elle a esquissé un bref sourire avant de retourner à des calculs savants qui concernaient, si j'ai tout pigé, des commandes, en tonnes, de boîtes de conserve.

Je me suis permis de décréter tout à fait arbitrairement qu'il s'agissait de charcuterie, à en juger leurs têtes respectives.

Je reconnais que ce détail n'a aucune espèce d'intérêt, mais bon, voilà, quoi.

Donc, après quelque chose comme 5 mois d'abstinence totale et de résistance acharnée, j'ai décidé d'aller chez le coiffeur.

J'avais décidé d'attendre 6 mois depuis mon dernier fiasco capillaire et puis, finalement, j'ai cédé.

Comme d'habitude, j'avais préalablement balisé le terrain. Je suis donc entré chez le premier venu.

J'ai commencé à flipper quand, après avoir déposé mon manteau, une charmante employée m'a proposé un thé ou un café...

Aïe aïe aïe...

Putain ! Déjà quand on te propose un café chez le coiffeur, tu peux t'attendre à faire pleurer ton portefeuille mais alors un thé ! Là c'est fini ! Le truc in, en ce moment ! Et dans un salon de coiffure en plus, un bastion de la mode...  Madre de Dios !

Dans ces cas là, en calculant bien ton coup, tu peux éventuellement t'enfuir en creusant un tunnel. Mais t'as quand même intérêt à être réactif et disposer d'une pelleteuse.

Pour moi c'était déjà trop tard.

Alors, stoïquement j'ai dit « Non, merci. » avec mon plus beau sourire.

Si j'avais su ! J'en aurais même pris deux, histoire de rentabiliser l'affaire, de me venger sur un café innocent.

On me passe la camisole de force. Qui sent la laque et le cheveu mouillé.

On me shampouine. Dans les lavabos qui font super mal au cou.

Et « mon » coiffeur se pointe, tout sourire. Là aussi, les signes ne trompent pas : j'aurais dû remarquer qu'il avait les dents anormalement longues. Et pointues.

Je lui explique, comme à chaque fois, que si on me coupe trop les cheveux, je meurs, que j'aimerais juste qu'il égalise, pas qu'il taille dedans. Ou pas trop.

Il me fait signe qu'il a pigé et qu'il coupera juste 2 centimètres. J'accepte, à contre-coeur, vu que 2 centimètres, c'est déja le bout du Monde. Je lui dis quand-même, au cas où : « Pas plus, hein ! ».

Il me refait son sourire carnassier.

Je suis sûr que Papon et ses potes avaient le même, à l'époque.

Et là, c'est le drame.

Comme y'a 5 mois à Reims, il commence à couper et, dès le premier coup de ciseaux, je comprends que je suis tombé dans un piège diabolique.

Parce que s'il m'a réellement enlevé 2 cm, les fanatiques religieux sont des saints.

A vue de nez, moi j'ai compté deux mètres cinquante de cheveux. Et encore, j'étais loin, je ne voyais pas bien.

Pourtant, je m'étais détendu, vu que ce salaud faisait partie de la catégorie bénie des coiffeurs silencieux.

Ceux-là même qui ne se sentent pas obligés de meubler le silence en ressortant je ne sais quel ragot à deux balles (tiré de l'une des 278 revues qui couvrent les rebords servant à poser les instruments de torture, devant les miroirs), ou encore en s'adonnant à des analyses macro-sociologiques qui couplent les derniers relevés météorologiques de la rue d'à côté, le prix de l'essence, la disparition des moins de 25 ans (« Y'a plus de jeunesse, ma bonne dame ! »), le fibrome de Ma'me Furet, qui travaille avec Monsieur Hachoir, le boucher du quartier (Ah ouais, c'est classe, hein ?) etc, etc.

Je vous dirais bien que moi, dans ces cas là, non seulement je m'applique à faire ma tête de  multirécidiviste évadé de prison, mais en plus je la ferme, en espérant que ça enraye le flot de conneries.

Tu penses !

C'est ça, leur force : ils parlent tout seuls. Ils parlent pour eux. Ils n'ont pas besoin de toi. Dans le meilleur des cas, tu les inspires, mais ça s'arrête là.

Enfin bon.

Donc, lui, non.

Rien.

Moi je suis resté silencieux et me suis efforcé de penser à autre chose, pour supporter le traumatisme que me causait cette coupe de cheveux.

Et j'en suis venu à décider d'une règle que j'ai immédiatement mise en pratique. Comme je suis un créatif dans l'âme, je l'ai apellée la règle « 1centimètre, un mois » vu qu'elle consiste à attendre un mois par centimètre coupé avant de retourner chez le coiffeur.

Ce qui veut dire que je ne retournerai pas chez l'un de ses confrères (ou cons de frères, les deux me semblent valables) avant... 4 mois bien tassés !

Ce qui signifie, les plus rapides d'entre vous l'auront déjà compris, que cet enfant de salaud m'a coupé 4cm de cheveux !

Non mais je rêve !

Encore un qui n'a pas remarqué que son boulot, c'était COIFFEUR.

Pas COUPEUR.

Quand je me suis découvert dans le miroir, chez moi, avec la raie au milieu et plus de cheveux à droite qu'à gauche (1.5cm, c'est quoi, hein ?), je vous jure que je l'ai vu, la nuance.

J'y vais pour me faire coiffer, chez le coiffeur ! Pas pour me faire tondre.

Tiens. Au passage, j'en profite pour vous faire remarquer que j'ai bien dit « chez le coiffeur » et non pas « au coiffeur », comme le voudrait une erreur ridicule, malheureusement fortement répandue et franchement exaspérante.

Enfin bon.

Comme d'habitude, le coiffeur avait dû m'hypnotiser pendant qu'il officiait, à moins que des messages subliminaux aient été insérés au milieu des chansons toutes plus prémachées les unes que les autres qu'on est forcé d'écouter dans n'importe quel salon de coiffure de France.

Parce qu'une fois qu'il a eu terminé, il m'a montré le résultat.

Et à part le coup des 2.5 cm de trop, j'ai vraiment eu l'impression qu'il s'était bien démerdé. Je m'en voulais presque de le haïr aussi fermement lui et ses confrères.

Je m'entends encore lui dire « Ca va. C'est super bien. J'adore ce que vous faites... » quand il posait ses ciseaux avant de m'épousseter.

Tiens. Au passage, j'en profite pour vous faire remarquer que j'ai bien dit « SES ciseaux » et non pas « SON ciseau », comme le voudrait une erreur ridicule, malheureusement fortement répandue et franchement exaspérante. Pour ne pas dire hautement gonflante.

Ciseau (au singulier) c'est un ciseau à bois. Pas des ciseaux pour découper des trucs à base de papier ou de cheveux.

J'aurais probablement encore moins apprécié que l'autre me taille la gueule à coup de ciseau à bois !

Putain, ce que j'ai pu avoir envie de mourir à chaque fois qu'un collègue de classe m'a demandé UN ciseau.

Je m'étais promis de ramener un dans ma trousse pour le jour où on me demanderait UN ciseau en cours. Manque de bol, ça fait bientôt cinq ans que je n'ai plus de trousse.

C'est un de mes plus grands regrets scolaires, ça. N'avoir jamais vu la gueule d'un pote se retrouvant avec un ciseau à bois dans les mains pour découper une pauvre feuille de papier

Donc.

Le mec fait semblant de me retirer les cheveux que j'avais dans le cou.

Ca, c'est encore un concept que j'ai jamais vraiment compris : Le truc en sky qu'ils te foutent autour du cou pour éviter que ça te démange pendant 15 jours, après. Ca sert à rien cette connerie.

Ils ne le mettent jamais bien contre le cou pour que ça soit efficace. Ils se contentent de le poser sur tes épaules, comme si c'était une parure. Du coup, quand tu rentres chez toi, t'as assez de cheveux coincés entre tes fringues et toi pour faire un édredon deux oreillers et trois coussins.

Enfin...

Je paie.

Une fortune (21 euros). Heureusement que je n'y vais que 4 fois par an en moyenne !

Je me casse

J'arrive à l'appart.

Et là, le miroir s'est fissuré en me laissant juste le temps de contempler le massacre.

Le lendemain, je montais dans le TGV pour Angers, où je retrouvais des collègues, dont Romain.

La suite, vous la connaissez.

Moi, je vais entamer une thérapie. Peut-être qu'après, je serai capable de retourner chez un coiffeur. Dans ce cas là, rendez-vous dans quatre mois, à la même adresse pour un nouveau compte-rendu... A moins que d'ici-là je ne me sois converti à la méthode de Brassens, qui chauffait la lame d'un couteau pour se couper les cheveux avec.

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Commentaires
B
Mais non, animal !<br /> J'ai été obligé de supprimer mon billet et les messages qui y étaient joints parce que la fin du texte n'apparaissait pas.<br /> D'où t'as vu que je dictatais, moi !<br /> Enfoiré !
P
Dis, Renal, ça serait sympa d'éviter de supprimer mes messages! Je te soupçonne de t'en prendre à ma liberté d'expression... J'avais écrit un commentaire, pas plus tard qu'avant-hier, sur ce sujet délicat des coiffeurs. Et comme par hasard, je constate qu'il a disparu! Tu dictates ou quoi? Pour mémoire, je disais simplement que t'avais encore de la chance parce que moi, la dernière fois que j'ai été chez le coiffeur, j'me suis fais légèrement scalpé par cet abruti de merlan qui tourne pas au thé, mais à la picole (un bon petit calva, je le sais, j'en ai bu aussi).
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