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Barbudo Conexión (c)
17 mai 2005

Audiard, ce génie, Labro, ce salaud.

Bon.
Alors bon.

Ca fait maintenant un certain temps que je me fous mentalement des coups de pied au cul pour écrire mes billets dans les temps, à défaut de le faire dans le lac.

Parce que bon.
Ca commence à bien faire, de ressortir des trucs vieux de trois mois pour remplir ce beulog.
Faut dire qu'en comptant Beyann, fraîchement débarqué, le nombre de mes lecteurs est passé à au moins... quatre !
Wah ! J'ai trop la pression, maintenant !

Et donc bon.
Force m'est de constater que le coup-de-pied-au-cul-mental n'a qu'une efficacité relative, à base de 0.3 sur l'échelle des trucs-mentaux-qui-servent-à-motiver-et-non-pas-à-tenir-chaud-contrairement-à-ce-qu'on-pourrait-penser.
Parce que si j'ai pas attendu deux mois, ça remonte quand même à la semaine dernière, mon truc, là.
Jeudi, 23h35 sur France3, pour être précis.

Y'avait une émission sur Audiard. Jusque là, je respecte. Je dis bravo. J'applaudis. Je dis merci.
Là où ça a merdé, c'est sur la présentation. C'est Philippe Labro qui s'en chargeait.

Bon.
Moi, fondamentalement, j'avais rien contre ce mec là. Je l'aurais croisé dans la rue, je lui aurais sûrement dit bonjour et même demandé un autographe pour mon pote Michel Pâté.

Mais ça, c'était avant.
Parce que si je dois bien avouer que le mec a la classe, il a aussi fait un truc qu'on ne peut pas pardonner.
En gros, le mec, il cite un passage ultra-connu des Tontons Flingueurs, quand Ventura déclare :

Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît.

Sauf que Labro, lui, il dit "Les cons, CELA ose tout..."
On croit rêver, non ?

Cela ose tout ? Mais ça nique tout, ça !C'est comme si Baudelaire avait un jour écrit "il alla uriner avec sa bite et déféquer avec son cul" ! Surtout que non content de flinguer le texte, il conclue le reportage en déclarant qu'Audiard, c'était PRESQUE du Balzac.

Ouh putain ! Eh, mais le gonze, quand il dit ça, il parle ou il chie (dédicace aux anciens de Chagall-Maubeuge) ? Presque du Balzac... Mais il est où le rapport ? Au risque de me répéter, Frédéric Dard (le père de San-Antonio) avait dit de Renaud qu'il faisait le boulot de Verlaine avec des mots de bistrot ; ce qui est à la fois très vrai et très bien trouvé.

Eh ben moi, dans un élan (c'est dangereux les élans. Je le sais, y'en a un qui a mordu la soeur du mec qui fait le générique de Sacré Graal) de créativité et d'originalité tout bonnement époustouflant, je dis qu'Audiard a fait le boulot de Balzac avec des mots de bistrot aussi.
Et je crois qu'on n'en entendra pas de Citeaux (nan je l'ai pas déjà faite), des dialogues pareils, ciselés au ciseau, à base de finesse du point (dédicace aux participants de Domino Day et au pote bidas de Bruno).

Je ne résiste évidemment pas à la tentation de vous faire partager un extrait de Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages (pour sortir un peu des Tontons) :

- J'ai bon caractère, mais j'ai le glaive vengeur et le bras séculier. L'aigle va fondre sur la vielle buse.
- Un peu chouette comme métaphore, non ?
- C'est pas une métaphore, c'est une périphrase.
- Tu me fais chier !
- CA, c'est une métaphore.

Que du bonheur, quoi.

Bon.
Une personne à base de blond vénicien me fait signe que de toute façon, moi, je sers à rien, à part, peut-être me foutre de la gueule des autres. Et encore, c'est pas du tout son trip, surtout que je n'ai pas le hoquet (parce que CA c'est rigolo, un mec qui a le hoquet). Enfin bon ; elle aime plus trop ma gueule, faut que j'arrête de critiquer les autres.

Alors, à la décharge de Philippe Labro, je dois reconnaître que l'émission était franchement bien. Faudrait juste la diffuser à une heure de grande écoute, que tout le monde puisse en profiter et profiter du talent d'Audiard.

C'est mieux, là ?

Pour ceux que ça intéresse, je vous conseille trèèèès fortement la lecture de Audiard par Audiard, bouquin passionnant qui regroupe à la fois sa bio, des interviews et un recueil de ses meilleurs dialogues.
On retrouve aussi certaines lettres écrites à son sujets dont une de Frédéric Dard, que je vous ferai partager bientôt (le temps de retourner chez moi et de ne pas oublier de le ramener).

En attendant, puisque vous avez eu le courage de lire mon truc jusqu'au bout, voici un lien vers un site pas mal qui regroupe les passages d'anthologie et permet surtout de les écouter. Foncez-y !

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Commentaires
B
Je sais que Labro n'est pas un salaud !<br /> J'aime bien relever des détails débiles comme le "cela" qu'il a utilisé à la place de "ça"...<br /> Mais ça ne m'empèche pas de penser que ça flingue tout, cette nuance insignifiante !
P
Et oui, j'ai eu la chance de tomber par hasard sur ce documentaire fort intéressant sur Audiard. J'ai loupé le début, mais bon, c'est déjà bien d'avoir vu le reste. Et je voulais poster un commentaire à ce sujet depuis déjà un bout de temps, mais les ordinateurs défectueux de la Fac m'en ont empêché. D'abord, je voudrais un peu venir au secours de ce cher Labro. Je te trouve un peu dur avec lui. Il s'en est pas si mal tiré. Bon d'accord, il a dit "cela" au lieu de "ça" dans la réplique célèbre des Tontons Flingueurs, mais bon... Enfin, c'est vrai que pour les inconditionnels d'Audiard, c'est impardonnable. Alors oui, finalement, t'as raison. Quel salaud ce Labro! Bon, à part ça, je tiens à saluer une fois de plus le talent unique de Michel Audiard. C'est un dialoguiste de génie et un écrivain hors pair. Sa gouaille de titi parisien et son côté anar m'ont toujours séduit. Et j'essaye tant bien que mal de mémoriser les répliques cultes de ses films. Tiens, y en a une que j'adore. C'est dans "Un singe en hiver" : <br /> <br /> "Oui monsieur, les princes de la cuite, les seigneurs, ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps et qu'ont toujours fait verre à part. Dis-toi bien que tes clients et toi, ils vous laissent à vos putasseries, les seigneurs. Ils sont à cent mille verres de vous. Eux, ils tutoient les anges!"<br /> <br /> C'est pas magnifique, ça? Pour moi, c'est du grand art. Quelle ode à la cuite! Qui a mieux rendu hommage à la picole? Y a qu'Audiard pour ça. La plupart des sites internet sur Audiard sont pas mal faits. Mais j'conseille surtout à tout le monde de voir ou revoir les films avec les dialogues du bonhomme. C'est vraiment du pur bonheur.
M
En général Labro s'en sort mieux que ça. Mais il est vrai qu'Audiard c'est tout simplement... Audiard, tout est dit. Une erreur à son sujet ne pardonne pas...Au fait, je suis évidemment un nouveau lecteur, "fraîchement débarqué" comme tu le dis, mais fidèle!
B
Va sur le site dont je parle à la fin...<br /> A défaut d'y trouver des nouvelles de Bruno, tu trouveras toutes les phrases cultes( et y'en a un paquet) !
J
Bon, j'irai pas jusqu'à dire que j'ai tout regardé, parce que Labro à une heure du matin après "la nuit" d'Arte y'a pas mieux pour trouver le sommeil. Ou la dépression. Bref. Moi j'suis d'accord: Audiard c'est du bonheur en boite. Bon, c'est vrai, je connais aucune phrase par coeur, et CA c'est la honte, mais bon. Voila quoi. Tu sais que personne a de nouvelles du burnosaure?
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