Audiard, ce génie, Labro, ce salaud.
Bon.
Alors bon.
Ca fait maintenant un certain temps que je me fous mentalement des coups de pied au cul pour écrire mes billets dans les temps, à défaut de le faire dans le lac.
Parce que bon.
Ca commence à bien faire, de ressortir des trucs vieux de trois mois pour remplir ce beulog.
Faut dire qu'en comptant Beyann, fraîchement débarqué, le nombre de mes lecteurs est passé à au moins... quatre !
Wah ! J'ai trop la pression, maintenant !
Et donc bon.
Force m'est de constater que le coup-de-pied-au-cul-mental n'a qu'une efficacité relative, à base de 0.3 sur l'échelle des trucs-mentaux-qui-servent-à-motiver-et-non-pas-à-tenir-chaud-contrairement-à-ce-qu'on-pourrait-penser.
Parce que si j'ai pas attendu deux mois, ça remonte quand même à la semaine dernière, mon truc, là.
Jeudi, 23h35 sur France3, pour être précis.
Y'avait une émission sur Audiard. Jusque là, je respecte. Je dis bravo. J'applaudis. Je dis merci.
Là où ça a merdé, c'est sur la présentation. C'est Philippe Labro qui s'en chargeait.
Bon.
Moi, fondamentalement, j'avais rien contre ce mec là. Je l'aurais croisé dans la rue, je lui aurais sûrement dit bonjour et même demandé un autographe pour mon pote Michel Pâté.
Mais ça, c'était avant.
Parce que si je dois bien avouer que le mec a la classe, il a aussi fait un truc qu'on ne peut pas pardonner.
En gros, le mec, il cite un passage ultra-connu des Tontons Flingueurs, quand Ventura déclare :
Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît.
Sauf que Labro, lui, il dit "Les cons, CELA ose tout..."
On croit rêver, non ?
Cela ose tout ? Mais ça nique tout, ça !C'est comme si Baudelaire avait un jour écrit "il alla uriner avec sa bite et déféquer avec son cul" ! Surtout que non content de flinguer le texte, il conclue le reportage en déclarant qu'Audiard, c'était PRESQUE du Balzac.
Ouh putain ! Eh, mais le gonze, quand il dit ça, il parle ou il chie (dédicace aux anciens de Chagall-Maubeuge) ? Presque du Balzac... Mais il est où le rapport ? Au risque de me répéter, Frédéric Dard (le père de San-Antonio) avait dit de Renaud qu'il faisait le boulot de Verlaine avec des mots de bistrot ; ce qui est à la fois très vrai et très bien trouvé.
Eh ben moi, dans un élan (c'est dangereux les élans. Je le sais, y'en a un qui a mordu la soeur du mec qui fait le générique de Sacré Graal) de créativité et d'originalité tout bonnement époustouflant, je dis qu'Audiard a fait le boulot de Balzac avec des mots de bistrot aussi.
Et je crois qu'on n'en entendra pas de Citeaux (nan je l'ai pas déjà faite), des dialogues pareils, ciselés au ciseau, à base de finesse du point (dédicace aux participants de Domino Day et au pote bidas de Bruno).
Je ne résiste évidemment pas à la tentation de vous faire partager un extrait de Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages (pour sortir un peu des Tontons) :
- J'ai bon caractère, mais j'ai le glaive vengeur et le bras séculier. L'aigle va fondre sur la vielle buse.
- Un peu chouette comme métaphore, non ?
- C'est pas une métaphore, c'est une périphrase.
- Tu me fais chier !
- CA, c'est une métaphore.
Que du bonheur, quoi.
Bon.
Une personne à base de blond vénicien me fait signe que de toute façon, moi, je sers à rien, à part, peut-être me foutre de la gueule des autres. Et encore, c'est pas du tout son trip, surtout que je n'ai pas le hoquet (parce que CA c'est rigolo, un mec qui a le hoquet). Enfin bon ; elle aime plus trop ma gueule, faut que j'arrête de critiquer les autres.
Alors, à la décharge de Philippe Labro, je dois reconnaître que l'émission était franchement bien. Faudrait juste la diffuser à une heure de grande écoute, que tout le monde puisse en profiter et profiter du talent d'Audiard.
C'est mieux, là ?
Pour ceux que ça intéresse, je vous conseille trèèèès fortement la lecture de Audiard par Audiard, bouquin passionnant qui regroupe à la fois sa bio, des interviews et un recueil de ses meilleurs dialogues.
On retrouve aussi certaines lettres écrites à son sujets dont une de Frédéric Dard, que je vous ferai partager bientôt (le temps de retourner chez moi et de ne pas oublier de le ramener).
En attendant, puisque vous avez eu le courage de lire mon truc jusqu'au bout, voici un lien vers un site pas mal qui regroupe les passages d'anthologie et permet surtout de les écouter. Foncez-y !