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Barbudo Conexión (c)
15 janvier 2007

Le poids des mots, le choc des photos...

Bon.
Alors bon.
En coup de vent, histoire de dire que ce blog n'est pas entré en hibernation depuis quatre mois (...).

royalLa photo fait mal.
Les déclarations aussi. Du lourd de chez lourd.
Elle avait commencé très fort en s'extasiant sur la rapidité de fonctionnement du système judiciaire chinois, oubliant que c'est justement ce que les défenseurs des droits de l'homme ont tendance à reprocher aux régimes totalitaires : le côté expéditif des procès...
Pendant toute la durée de son voyage, elle avait également soigneusement évité d'employer l'expression "droits de l'homme" assez peu apprécié (et usité) par les autorités chinoises. Elle disait "droit humains", c'est moins marqué, plus politiquement correct.

Et puis elle s'est mise à réciter un proverbe par jour. Comme Bruno Masure. Y'a pas meilleure référence pour une candidate à la présidence de la République. Ca crédibilise à mort.
Arrive le 7 janvier et, toute de blanc vêtue (alors que c'est la couleur du deuil en Chine, mais elle n'en était plus à une près), perchée en haut de la  muraille de Chine, elle sort le désormais célèbre :

« Comme le disent les Chinois, qui n’est pas venu sur la grande muraille n’est pas un brave.
Qui va sur la grande muraille conquiert la bravitude. »

Bon.
Je veux bien que l'erreur soit humaine. Qu'à force d'entendre parler une langue étrangère, elle ait fini par sa planter. Mais là où ça a atteint des sommets, c'est quand, au PS, ils ont essayé de justifier sa connerie.

Dès le lendemain, on entendait par exemple l'un de ses directeurs de campagne expliquer qu'avec ce néologisme (qui n'en est pas un ; c'était juste une connerie, pas un calcul), elle avait voulu décrire la plénitude de la bravoure. On y croit à mort.
Elle, sereine, affirmait que ça démontre la vivacité de sa pensée.
Quant à Jack Lang, il déclarait, tranquille, que "l'inventivité sémantique fait partie de la capacité d'un candidat à parler une autre langue que la langue de bois" avant, semble-t-il, d'affirmer que le terme provenait du vocabulaire des jeux vidéos... Trop forts, à gauche !

Remarquez, à droite, ils se sont illustrés aussi. Dans un autre style, mais bon.
Au lieu de la laisser s'enliser, ils se sont empressés de se foutre d'elle. Et même si je reconnais que ça aurait été dûr de résister à la tentation, c'était gratuit et stupide.

Il y a cependant une exception dans les rangs de l'UMP : Edouard Balladur.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il a pris sa défense, déclarant qu'il était surpris par les réactions que cette bourde avait déclanchées avant d'ajouter que, quand Léopold Sédar Sanghar avait lâché le terme "Négritude", ça avait plutôt bien marché.
Alors bon.
Prendre la défense d'une adversaire politique, c'était tout à son honneur. Mais faut pas s'enflammer non-plus, pépère ! Dans Négritude, qui est un terme réfléchi et fort, il y a quand-même autrement plus de choses que dans "bravitude", qui n'est qu'une connerie involontaire.

Non mais c'est vrai : vous allez voir qu'au bout du compte, elle va réussir à devenir la première Prix Nobel de Littérature de l'Histoire à faire perdre une seconde fois le parti socialiste au profit de Le Pen au 1er tour...

P.s. en forme de petite-requète-de-rien-du-tout-mais-quand-même :
Tant que j'y suis, j'en profite pour vous demander un service : ne l'appelez plus par son prénom.
Qu'est ce que c'est que ce délire d'appeler un candidat à l'élection présidentielle par son prénom ? Est-ce qu'on dit "Nicolas" pour parler de Sarkozy ? Est-ce qu'on dit "Jacques" pour parler de Chirac ? Non !
Alors arrêtons de le faire pour elle : cette espèce de familiarité déplacée ne peut que lui rendre service.
Qu'on l'appelle "Royal", "Ségolène Royal", l'"autre", ou encore "la mouette rieuse" (qui est de loin mon préféré), comme certains membres de sa famille le font déjà (et je vous promets que c'est véridique) ! Mais pas par son prénom...

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Commentaires
P
A propos de proverbe chinois, j'en connais un qui me laisse un brin perplexe. L'auteur s'appelle Jing Qulong. Le voici:<br /> "Sur la Grande Muraille, si tu entends le cri du dragon, ne pense pas qu'il s'agit du vent."<br /> Pas sûr que Ségolène (euh, Mme Royal) le connaisse, celui-là. En tout cas, il existe des proverbes chinois un peu plus pertinents. Et surtout plus réalistes. Parce que j'ai beau faire des efforts, j'ai du mal à croire que les dragons existent (hormis le dragon de Komodo, bien sûr, mais qui est un varan en fait). Et puis le cri d'un dragon, j'vous laisse imaginer ce que ça peut donner. Quelque chose entre un barrissement d'éléphant et le rugissement d'un lion, avec une pointe de gémissement de Gruluguien peut-être. Allez savoir. Personne n'en a jamais vu, de dragon. Alors, qui peut bien connaître le cri que ça fait, ce bestiau-là. Est-ce à dire que ce Mr Qulong (qui a vécu au XIVème siècle de notre ère) croyait à l'existence des dragons? C'est possible. Après tout, à la même époque, nous Européens, on croyait que la Terre était plate et que si on arrivait au bord on tombait dans un immense précipice. Alors faut pas se foutre de la gueule d'un chinois mort depuis 6 siècles. Non, sincèrement, j'pense que le dragon, c'est une image. En fait, il symbolise le danger, l'ennemi. Il faut pas oublier qu'à l'époque, la Chine devait faire face à des invasions mandchoues. C'est d'ailleurs pour ça que la Grande Muraille a été construite. Pour se protéger des invasions des populations du nord. Mais pourquoi j'raconte tout ça, moi? C'est la Ségo, son proverbe chinois et sa "bravitude" qui doivent m'échauffer les neurones. Bon, j'arrête de polluer ton blog plus longtemps, cher Barbudo. Ah, j'allais oublier, y a une petite erreur dans ton billet : c'est Senghor et pas "Sanghar". Voilà. Adios amigo!
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